Les défis liés à l’essor du e-commerce
La start-up Olive cherche à rendre les achats en ligne et le dernier kilomètre plus durables
Un mercredi sur deux, h/commerce vous fournit une analyse approfondie des tendances les plus impactantes qui restructurent le secteur du retail.
La pandémie a entraîné un boom du e-commerce. Avec les mesures de confinement et de couvre-feu, le e-commerce est devenu non seulement un moyen de commander des biens essentiels mais également un moyen de s’évader et de se faire plaisir malgré la situation.
Il n’est donc guère étonnant qu’un nombre sans précédent de consommateurs se soient tournés vers le numérique pour effectuer leurs achats, et la tendance est on ne peut plus visible dans toutes les régions du globe :

Credits: eMarketer
Si peu de secteurs peuvent se vanter d’afficher une croissance à deux chiffres en temps de crise, cette ruée massive vers les achats en ligne a aussi son côté sombre. Conséquence logique du nombre croissant de commandes en lignes, on assiste à une avalanche de colis, d’emballages et de camions dans les villes. Les colis inondent nos foyers, les cartons s’empilent dans nos arrière-cours, mettant plus que jamais en exergue les conséquences environnementales du commerce électronique, des emballages et du dernier kilomètre.
À la recherche de solutions plus durables
À l’heure où la durabilité est une préoccupation majeure pour les consommateurs, les détaillants réfléchissent à des solutions plus respectueuses de l’environnement. Amazon a commencé à livrer ses colis avec ses premiers prototypes de camions électriques, Kroger et Walmart se sont associés avec Nuro et Google Waymo pour développer des véhicules électriques autonomes. Mais ces initiatives pour un dernier kilomètre plus vert sont très coûteuses, prennent beaucoup de temps et les résultats tangibles ne seront visibles que dans les prochaines années.
En outre, l’attachement des consommateurs à l’égard du e-commerce a connu une forte croissance pendant la pandémie, à l’instar de leurs attentes en matière de livraison rapide. Paradoxalement dans le même temps, ces derniers pèsent les impacts environnementaux des livraisons rapides.
D’après la dernière étude de Havas Shopper Observer :
73% des Français, 79% des Américains et 89% des Chinois sont prêts à changer de marque pour un produit équivalent livré plus rapidement.
Les consommateurs sont impatients, et, dans le même temps, sont tiraillés entre leur désir de consommation et la conscience du coût environnemental de leurs livraisons.
66% des Français, 71% des Américains et 81% des Chinois ont mauvaise conscience une fois leur colis livré en raison de son impact environnemental.
Rendre le dernier kilomètre (étape la plus polluante du parcours de livraison) plus vert grâce aux voitures électriques et véhicules autonomes s’avérant être une solution de long terme très coûteuse, les retailers et les marques cherchent des alternatives plus rapides et plus tangibles pour répondre aux attentes des consommateurs en termes de consommation tout en prenant en compte la dimension écologique.
Quelles sont les solutions ?
L’un des principaux problèmes liés au dernier kilomètre est celui de la multiplicité des colis liés à une seule commande. Le marché connaît actuellement un certain nombre de start-up qui sont déterminées à s’attaquer à ce problème. L’une d’entre elles, Olive, a connu un certain essor médiatique lors de son lancement le mois dernier.
Olive est une nouvelle startup créée par Nate Faust, le co-fondateur de jet.com et ancien cadre dirigeant de Walmart. Son ambition avec Olive ? Éliminer les emballages carton des achats en ligne et optimiser les livraisons pour éviter les emballages multiples liés à une seule et même commande.
Comment est-ce possible ?
Les acheteurs doivent télécharger l’application Olive ou son extension pour navigateur. Ils consultent et parcourent ensuite les sites e-commerce comme ils le font d’habitude. Une fois qu’ils ont décidé d’acheter un article et au moment de renseigner leurs informations, l’application ou l’extension Olive indique automatiquement l’adresse d’un de ses centres de distribution. A partir de là, les employés d’Olive déballeront les commandes individuelles, recycleront promptement les emballages et placeront les articles dans un sac réutilisable, lequel sera livré aux clients en une fois, sur un rythme d’une fois par semaine.
Nate Faust a déclaré que l’idée d’Olive lui était venue alors qu’il sortait un soir ses poubelles : « Je sortais les poubelles et regardais les emballages sur mon perron et celui de mon voisin et je me suis dit : Bon sang, comment en sommes-nous arrivés là ? Nous avons atteint un stade critique. […] Après 30 minutes à défaire les emballages et de multiples allers et retours dans mon allée, je me suis rendu compte que c’était de la folie. »
Le concept derrière Olive est non seulement de réduire la quantité de déchets et de cartons expédiés au domicile des clients, mais également de rationaliser les livraisons afin que les commandes auprès de plusieurs vendeurs soient rassemblées au sein d’un lot unique. De cette manière, Olive assure un recyclage rapide des emballages tout en réduisant le nombre de livraisons. De plus, il suffit aux clients de mettre dans le sac réutilisable d’Olive les articles qu’ils souhaitent retourner. Le service est gratuit pour les consommateurs, mais les détaillants paient une commission moyenne de 10% sur chaque vente, Olive les aidant notamment à atteindre leurs objectifs en termes de développement durable.
Le service a été lancé sur les deux côtes américaines, couvrant environ 100 millions de personnes, soit un tiers de la population américaine, et plus d’une centaine de marques, dont Adidas, Anthropologie, Finjsh et Ralph Lauren, y ont adhéré.
Pourquoi est-ce intéressant ?
D’après le Forum Économique Mondial, une grande partie de la pollution liée aux achats en ligne est générée sur le trajet de livraison entre l’entrepôt et le domicile des consommateurs. Les efforts d’Olive pour rendre ce dernier kilomètre plus vert représentent un enjeu majeur pour le secteur du retail.
Olive suit les pas de Loop, un programme créé il y a deux ans à Davos, consistant à rapporter les emballages réutilisables aux marques, grâce à un système d’emballages de haute qualité qui peuvent être retournés et remplis de nouveau. Une autre start-up, Boox, vend des emballages postaux en plastique à plus de 30 retailers spécialisés dont Ren Skincare, Boyish Jeans et Curio Spice Co. En adhérant à des programmes comme Olive ou Loop, les détaillants et les marques peuvent se démarquer et s’adresser aux consommateurs qui se sentent coincés entre leur désir de commander en ligne et leurs valeurs personnelles.
Alors que pour beaucoup d’acheteurs en ligne, il peut leur sembler difficile d’arrêter de commander, Olive leur propose de faire une concession sur la livraison ultra-rapide avec une réception des commandes une fois par semaine. Mais cette fois, sans avoir à empiler ses cartons dans le garage et surtout, sans se rendre coupable.
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Sources:
This Ex-Walmart Exec Wants To Take Cardboard Boxes Out Of Online Shopping – Forbes
https://www.emarketer.com/content/global-ecommerce-2020
https://www.businessinsider.fr/us/amazon-walmart-and-target-let-customers-keep-some-returns-2021-1
https://www.glossy.co/fashion/olive-wants-to-solve-the-pain-points-of-buying-fashion-online/
Mikaela Barbosa mikaela.barbosa@havas.com
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